III. L'effet de ghéttoisation
Le territoire de la ville ressemble de plus en
plus à un puzzle : quartiers riches et pauvres se juxtaposent et ces contrastes
engendrent des tensions de plus en plus sévères : les quartiers pauvres sont
qualifiés de sensibles et dans les quartiers plus favorisés, le sentiment
d'insécurité s'accroît. De de plus en plus les quartiers ont tendance à vivre
repliés sur eux même. Réduire les inégalités socio-spatiales est devenu une
nécessité. Ces contrastes socio-spatio sont de plus en plus marqué dans
l'espace urbain. Les catégories les plus aisées peuvent choisir leur lieux
d'habitation : centre-ville rénové ou réhabilité, banlieue pavillonnaire, ou
périurbain proche. A l'inverse, les catégories sociales les plus modestes sont
exclus de ces quartiers car le coup du logement y est élevé : elles vivent
souvent dans des quartiers ancien dégradés du centre-ville, de grands ensemble
de banlieues et dans les périphéries très éloignées . Une véritable
fragmentation socio-spaciale* apparaît (terme utilisé pour désigné des espaces
urbains contiguës qui fonctionnent sans lien à cause des écarts sociaux entre
leur population respective). Bien qu'elle soit concerné par la loi relative à
la solidarité et au renouvellement urbain (loi SRU), la ville de Nîmes
fait tout de même partie de ces métropoles fragmentées par ces inégalitées de
logements qui crées une relégation spatiale et caractérisent négativement les
habitants des quartiers les plus défavorables.
a) La relégation spatiale
( concept issu de la géographie du
pouvoir, la relégation spatiale exclue ou regroupe des populations
qui n'ont pas le choix de leur lieu de résidence, parce qu'elles sont moins
favorisées )
La division des villes en quartiers, selon des critères sociaux est une phénomène ancien et les mécanismes dirigeant l’accès au logement produiraient une « relégation » spatiale des catégories les plus précaires de la population et de la majeure partie des immigrés ; d’autre part, cet isolement spatial amènerait la population de ces quartiers à développer un mode de vie spécifique, qui, à travers les valeurs qu’il transmet et les ressources qu’il offre, aurait essentiellement des effets néfastes pour l’intégration sociale des habitants de ces quartiers.
L'utilisation du terme « guetto » (en
référence à la ségrégation des Afro-américains aux États-Unis, le terme «
ghetto » souligne le caractère subi de la situation résidentielle de ces
habitants disposant de faibles ressources sur le marché du logement) nous amène
à la thèse de la relégation qui repose sur le constat de la
concentration d’immigrés et de membres des classes populaires dans des
territoires cumulant une série d’indicateurs négatifs (chômage, échec scolaire,
etc.)
b) Des « effets de quartier »
uniquement négatifs ?
Les analyses du ghetto reposent souvent sur des
observations exécutées sur une minorité de la population ( en particulier sur
les jeunes hommes impliqués dans l’économie souterraine ou dans la
« culture de rue »). Ces analyses décrivent alors un univers où les
relations sociales de l’ensemble des habitants sont organisées et dominées par
la violence et l’économie souterraine, ces descriptions éclairent une partie de
la vie sociale de ces quartiers. En proposant un point de vue finalement très
sombre sur ces quartiers, les analyses du ghetto laissent ainsi dans l’ombre
les nombreuses ressources positives et les formes plus ordinaires d’existence
qui peuvent s’y déployer. Pour dénoncer l'enfermement des habitants dans des
guettos, tout se passe comme si le recours au terme ghetto ne pouvait déboucher
que sur une description négative des formes de vie sociale locale qui s’y
déroulent. Cette manière de décrire les modes de vie dans les cités prouve que
le terme « ghetto » sert à désigner les conséquences néfastes de la
ségrégation spatiale sur la santé, la réussite scolaire ou l’insertion
professionnelle (analyse de Fitousssi, Laurent, Maurice datant de 2004).Les
« effets de quartier » reposent sur l’idée que les difficultés
d’intégration de la population, notamment des jeunes, seraient liées à
l’absence dans le voisinage de modèle positif de réussite sociale auquel
s’identifier (idéal type) et à l’existence de normes locales à contre-courant
de celles permettant l’insertion sociale.
Les descriptions du ghetto ne sont finalement pas très éloignées de la thèse d’une sous-culture alternative amenant les habitants à reproduire leur propre exclusion sociale. De nombreuses dimensions de la vie sociale de ces quartiers sont ignorées, les formes culturelles retenues par ces analyses apparaissent ainsi essentiellement comme des dimenions négatives, contraires aux valeurs républicaines (violence, économie souterraine, culture de rue, sexisme...). Cette vision de l’ordre social des cités contient au final de fortes tendances misérabilistes: les habitants y sont définis soit par leurs manques, soit par des dispositions faisant obstacle à leur intégration sociale.
Pissevin |
La loi SRU
La loi no 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, couramment appelée loi SRU, est un texte complexe qui a modifié en profondeur le droit de l'urbanisme
et u logement en France. Cette loi impose aux communes de plus de 3 500
habitants, situées dans des agglomérations de plus de 50 000 habitants,
l’obligation de disposer d’au moins 20% de logements sociaux.
Dans
notre département du gard, 13 communes de la communauté d’agglomération
de Nîmes Métropole sont concernées par la loi relative à la solidarité
et au renouvellement urbain (loi SRU).
En
2013, il y a eu dans le Gard 14 392 demandes de logements sociaux pour
3 435 attributions, soit 4,2 demandes pour une attribution. Pour Nîmes
Métropole, c’est 7 242 demandes pour 1 619 attributions (4,5 demandes
pour une attribution). Enfin, sur Nîmes, c’est 5 710 demandes pour 1 402
attributions (4,1 demandes pour une attribution). Sur le territoire de
Nîmes Métropole, 91% des logements sont concentrés sur la ville de Nîmes
(14 541 logements sociaux) et plus de la moitié d’entre eux ont été
construits avant les années 70. Après Nîmes, c’est la commune de
Saint-Gilles qui constitue le deuxième parc de l’agglomération avec 736
logements sociaux. En ce qui concerne la construction, 260 logements
sociaux ont vu le jour chaque année entre 2007 et 2011. Depuis cette
date, le chiffre a grimpé à 300 mais il reste nettement en-dessous des
besoins réels. Près de la moitié du parc social de Nîmes (46%) est situé
en Zone Urbaine Sensible (ZUS). Et seulement 15% du parc est situé dans
les quartiers du centre-ville. Les logements autour de l’écusson sont
souvent plus petits que dans les quartiers. Les prix, eux, sont très
disparates. En moyenne, un T2 en centre-ville coûtera 315€ contre 263€ à
Pissevin. Pour un T5, l’écart est encore plus important : 541€ en ville
contre 376€ à Pissevin.
Dans l’atteinte de l’objectif des 20% de logements sociaux, Nîmes dépasse largement le pourcentage demandé mais cela ne suffit pas a réduire les effets néfastes des inégalités de logements.
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